Un article pour Ouest-France…

                            LES TRIBULATIONS D’UNE AUTOEDITEE

Je suis Clotilde Bellec-Huchet. Je suis professeur des Ecoles à Versailles. Mais, je suis originaire de Vannes. J’y suis née. Mais, seulement un mois après ma naissance, direction Madagascar. Mon père était médecin militaire, ce qui m’a longuement éloignée de ma Bretagne, les affectations outre-mer ou à l’étranger changeant tous les deux ans en moyenne. Heureusement, mes parents ont souhaité jeter l’ancre dans le Golfe du Morbihan, comme diraient les marins. A Arradon plus précisément. Ce fut un véritable coup de cœur pour la petite fille de huit ans qui ne connaissait que l’Afrique. Et ce coup de cœur est toujours aussi présent. Dès que je descends voir la mer à peine arrivée, c’est un choc ! C’est comme si je le découvrais… J’oublie à quel point cette petite mer est si belle. Heureusement, j’ai un nom breton. Il me raccroche à ma région.

D’ailleurs, souvent, mon nom à la consonnance bretonne permet des échanges et peut même offrir le premier contact avec mon futur lecteur, lui-même breton. Finalement, ma région n’est jamais très loin !

J’ai écrit un premier petit roman, juste pour moi initialement, pour le plaisir d’écrire. Puis, je me suis prise au jeu de le transformer en objet, en livre. Toute jeune écrivaine, ignorant toutes les ficelles de l’édition, je n’ai pas dépassé ce stade de l’avoir autoédité chez Amazon. Un gros mot dans le milieu des libraires… Leur accueil est souvent déstabilisant, une fois le mot prononcé. Je tâche de les rassurer, en leur affirmant que je privilégie de très loin les librairies de quartier plutôt que ce mastodonte de la vente et, reconnaissons-le, de l’autoédition.

A mon stade d’écrivaine totalement inconnue, ai-je vraiment le choix de ne pas recourir à Amazon ? Hormis deux ou trois autres éditeurs en lignes, non, je n’ai pas le choix. Amazon n’est que mon éditeur, c’est ainsi qu’il faut que les libraires le conçoivent et alors le lien pourra s’améliorer avec les autoédités. Or, hormis la concurrence certes déloyale d’Amazon, une réflexion bien ancrée malheureusement nous dessert : « si ce livre auto-édité n’avait pas trouvé sa place chez un éditeur, c’est parce qu’il n’était pas assez bon pour être publié ». Par conséquent, Amazon, un premier frein pour les autoédités. Or, je partage un détail qui n’est pas anodin : tous sont unanimes sur la beauté de ma couverture, la qualité d’impression et reconnaissent que mon ouvrage ressemble à n’importe quel livre édité par une maison d’édition parisienne. Un bon point pour moi !  

Malheureusement, j’ai découvert lors de la sortie de mon deuxième roman que le frein d’Amazon ne sera pas le dernier. A partir du moment où j’ai décidé d’être plus ambitieuse pour « Un hibiscus à l’oreille », le parcours du combattant a commencé. Et c’est là que l’autoédité doit faire preuve de pugnacité, de persévérance, mais aussi de curiosité pour découvrir le milieu de la distribution du livre. Un milieu qui ne manque pas d’intérêt lorsqu’on s’accroche, qu’on découvre au fur et à mesure les différentes étapes à franchir !

Certes, j’aurais pu faire appel à différentes maisons qui proposent de réaliser toutes les démarches à ma place. Mais à quel prix ! Le retour sur investissement étant plus qu’improbable, j’ai préféré agir seul. Et ma foi, je ne le regrette pas. Je gravis sommet après sommet, avec parfois des embuches, mais j’en retire de la fierté.

Ainsi, après le premier sommet, pensant innocemment que ce serait le dernier : obtenir par l’AFNIL le graal, l’ISBN officiel pour pouvoir vendre mon roman en librairie ! Après un certain temps passé sur mon ordinateur, c’est heureuse que je présente mon ouvrage à mon libraire qui le scanne. Mes espoirs du premier millier de vente s’effondrent lorsqu’il me déclare : « Mais vous n’êtes pas référencée ? » La douche froide. Et suit alors un cours sur l’édition niveau Master 2 !

Entre deux sommets, j’ai organisé une séance de dédicaces qui a très bien fonctionné et je compte bien en faire d’autres ! Je profite de mes WE pour dédicacer mon roman dans les grandes surfaces qui refusent très rarement, trop contentes de mettre de l’animation dans leur rayon livre. Je me découvre bonne commerciale ; les ventes lors de ces dédicaces marchent bien. Je propose même à mon salon de thé préféré de Versailles de faire une après-midi de dédicaces. Des moments très agréables et des échanges sympathiques avec les passants, devenus par cette occasion lecteurs de mon roman. Heureusement que ces ventes me remotivent…

Bon, un nouveau sommet à franchir : le référencement. Nouvelles longues minutes à passer sur mon ordinateur pour mon référencement chez Electre. Je pensais enfin obtenir mon fameux graal. Je retourne chez mon libraire, en l’occurrence, La Procure de Versailles. YES ! En scannant mon roman, la jeune femme à la caisse me déclare que c’est bon, que je peux leur laisser…trois exemplaires. Bon, après la petite déception passée sur le nombre, je me reprends et me dis que c’est un début. Je fonce chez un autre libraire du centre-ville. A cet instant, j’étais tranquille puisque mon roman était référencé. Deuxième douche froide : j’apprends qu’Electre n’est pas le seul organisme de référencement et que le plus gros à distribuer les livres en France est Dilicom !

Par ailleurs, en tant que membre de l’Association Ecrire à Versailles, je participe à l’organisation de notre salon. Un salon réservé exclusivement aux auteurs versaillais, un moment fort de l’année pour notre petite association. Cela permet également de partager avec d’autres auteurs et de casser la solitude de l’écriture. Les salons, une autre opportunité de nous faire connaitre, nous les autoédités. Les gros salons sont compliqués à atteindre pour le moment. Nous nous donnons des dates de salons locaux abordables et ouverts aux autoédités, n’ayant que très peu de têtes d’affiches. Ils ont le mérite d’exister et de rendre présente la littérature dans tout le paysage français. Il n’y a pas que les grandes villes.

Troisième sommet, et le plus haut au vu des démarches beaucoup plus complexes que pour le premier. Avoir un numéro Siret. Ok… Mais où on l’obtient ce numéro ? Rappel, je ne suis pas expert-comptable ou directrice administrative et financière, je ne suis que professeur des écoles. Je ne le dis pas pour me dénigrer, mais je reconnais que ce n’est pas mon domaine du tout ! Chacun son boulot… Je commence mes démarches : l’INSEEE, autoentrepreneur… Mon imprimante ce jour-là décide de me lâcher et refuse de scanner mes précieux documents. J’en aurais pleuré si je n’avais pas une amie précieuse qui d’ailleurs a été d’un soutien indéfectible pour l’informatique. Bref, je peux enfin remplir ma demande, maintenant que je suis autoentrepreneur, un terme bien pompeux pour vendre juste un livre en librairie. Nous sommes en France, j’avais oublié ce détail… Mais j’apprends que Dilicom ne veut pas gérer les autoédités ! Leur ferions-nous aussi peur ? Je dois passer par un intermédiaire qui s’occupe de leur envoyer notre demande de référencement.

Aurais-je terminé de gravir mes sommets ? J’ai reçu hier la confirmation que mon roman « Un hibiscus à l’oreille » est enfin référencé chez le plus gros organisme de distribution. Ce qui signifie que la fameuse douchette de tous les libraires de France et de Navarre peut enfin lire l’ISBN délivré par l’AFNIL, vous vous en souvenez, mon tout premier sommet ! Mon livre peut potentiellement être vendu ! Dans le meilleur des cas délicatement posé au milieu des têtes d’affiche, mes auteurs préférés, sinon rangé à la lettre B dans les étagères, coincé entre deux autres auteurs autrement plus célèbres que moi.

Demain, je fais le tour de toutes les librairies de Versailles en espérant ne plus entendre « Ah mais vous êtes éditée chez Amazon ? Alors… »

Mais le travail de l’autoédité ne s’arrête pas là ! Place à la comm ! La promotion du livre est un travail énorme ! Quand on écrit, on ne se rend pas compte du temps que cela nous prendra. J’ai créé un compte instagram pour promouvoir l’écriture de « Un hibiscus à l’oreille », découvrant par là-même ce nouveau code de communication, les réseaux sociaux. Merci à mes enfants de m’avoir guidé ! J’y partage mes lectures, mes sorties culturelles… De manière à me construire une communauté. J’ai ensuite contacté des bloggueurs littéraires pour tenter de leur faire lire mon roman et d’avoir une chronique… En vain. Ils sont submergés par les ouvrages des pros. J’ai créé un site internet, sur lequel on tombe grâce à un QRcode, que l’on peut lire sur les marque-page que j’ai conçus. Tout neuf, ce site explique notamment le pourquoi de ce livre. Puis, j’ai aussi contacté la presse locale pour les prévenir de la sortie de mon livre et de ma venue au salon de Vannes.

Evidemment, en parallèle, j’ai envoyé mon manuscrit aux maisons d’édition qui correspondent à la ligne éditoriale. Je me suis même déplacée chez certaines d’entre elles, les parisiennes. Et, à l’accueil, que voit-on sur les étagères ? Des dizaines de manuscrits ! J’ai préféré ne pas demander si c’était ceux du jour ou du mois…

Mais, place au Salon LIVR’A VANNES. Grâce à l’Association des Ecrivains Bretons, j’ai pu me glisser et obtenir une place pour le vendredi après-midi. Une belle fierté et une récompense pour l’autoéditée que je suis… J’espère que les lecteurs auront la curiosité de venir découvrir Un hibiscus à l’oreille. Il le mérite !

https://www.amazon.fr/Dune-m%C3%A9daille-%C3%A0-une-autre/dp/2958794911

https://www.amazon.fr/HIBISCUS-lOREILLE-Clotilde-Bellec/dp/2958794903

Lire la suite: Un article pour Ouest-France…

Laisser un commentaire